25.4.08

Rien 24

dans un train de banlieue
le paysage se dissout
un samedi perplexe
en-tête de journal à brûler
Londres en rafales
avec l'encre noire des nuages
s'esquisse l'hiver

22.4.08

Rien 23

sa tête se penche vers lui
les paradoxes sont grands
dans ses mains moites
elle attrape le billet roulé
d'une lucidité ambivalente

4.4.08

Rien 22

Les lettres forment une armée de sens la nuit venue les lettres de noblesses et les lettres oubliées se donnent rendez-vous pour élaborer une tactique d'attaque une tactique pour s'en prendre au vide pour combler le manque pour que le complot contre le silence conduise enfin au coup d'état fatal au coup mortel le plan est simple mais pas tant que ça il faut que les lettres se tiennent serrées tout en demeurant mobiles et libres toujours la tactique se construit dans le blanc de la page ou celle d'une autre et parfois dans le blanc des yeux mais tant pis les lettres n'ont pas le temps de se prendre la tête avec la question de la mise en forme de la mise en page car l'important c'est de faire fi des tics et de faire fi des failles et de faire feu et de tirer à mots perdus de s'envoyer les lettres au front même si on n'en a pas tout le tour de la tête de les sortir des tranchées de les balancer sur la route de la sémantique dans le corps du texte il y a un estomac qui gargouille il faut nourrir les mots il faut envoyer des lettres au corps des textes affamés au grand dam de ces malfrats surtout ne pas avoir peur des coups bas les lettres doivent dire tout haut ce qu'elles pensent vous voyez elles s'unissent pour donner du sens à leur propre identité chacune porte en elle un but une couleur propre qui trouve véritablement son sens dans la dynamique du groupe elles sont les reines de leur propre vie les éléments essentiels de leur mots communs de leur poésie collective elles se construisent par les autres elles sont les autres elles sont elles-même et les autre aussi sont elles-mêmes et les lettres se lancent à la conquête d'un texte de plus elles sont belles et grandes dans la simplicité de leur existence fugace et leurs rêves merveilleux s'élaborent encore en tirant toujours plus loin le galet de leur métaphore à coup de canons de mots à coups de sons de lettres à coups de mots à coups de poings et de figures de style les lettres forment un régiment de rebelles qui se battent pour n'importe quoi sans compromis les lettres s'écrivent se disent se chantent elles crient parfois à tue-tête sans se soucier de la ponctuation de temps en temps elles cavalent ou bien parfois elles dorment car le repos est crucial pour reprendre des forces et recommencer le lendemain à dire ce qui n'existe pas pour recommencer à vivre pour continuer à donner vie et perpétuer la joie d'être